Mieux s’entraîner grâce à l’éducation somatique: un professeur de Pilates nous parle de son expérience

Au premier abord, une leçon en éducation somatique peut sembler déroutante et donner l’impression qu’il ne s’y «passe pas grand chose». Lors d’une classe de groupe de la méthode Feldenkrais, par exemple, il est fréquent qu’une vingtaine de minutes soient dédiées à un mouvement aussi simple que soulever une jambe du sol et la diriger vers la poitrine. Durant cette séquence, les participants sont invités à répéter les mêmes gestes en introduisant de petites variations. On peut leur demander de soulever leur jambe du sol en relâchant son poids et ensuite, de le faire en ouvrant la jambe vers l’extérieur.

Si l’on considère cet exemple en terme de calories brûlées ou qu’on le compare à une séance de mise en forme, il est exact qu’il ne se «passe pas grand chose». L’action se déploie principalement à l’intérieur de la personne qui bouge et c’est sur quoi l’accent est mis. L’éducation somatique propose un travail qui sollicite à la fois le mouvement et la présence à soi. Et à mon avis, c’est ce qui la rend si riche!

Pour ma part, pratiquer l’éducation somatique fait partie des ingrédients clés de mon bien-être. J’y trouve un espace de connexion avec ce que je suis. Je dirige mon attention sur ce qui se passe en moi lorsque je bouge. Je prends ainsi conscience de différents paramètres physiques reliés au mouvement, mais aussi de la manière dont je me sens. Cela n’est pas anodin. En plus de m’informer sur mes patrons de mouvements et mon organisation corporelle, je développe ma vigilance (awareness). Cette capacité à me sentir, je peux l’utiliser au quotidien afin d’y syntoniser mes comportements et cela se traduit par une plus grande adaptabilité à ce qui vient de moi et de mon environnement.

Cultiver mes facultés sensorielles me sert aussi de manière très spécifique, en lien avec mon métier d’enseignante de la méthode Pilates. En ce sens, j’aborde le travail en éducation somatique comme une étude du corps en mouvement. Un cours d’anatomie au «je». Ce que j’apprends sur mon matelas, je le transfère directement dans mon enseignement.

Lorsque j’ai été formée en Pilates, on m’a transmis un savoir générique. On m’a montré à «bien» exécuter les exercices et aussi à les décrire. J’ai appris une boucle d’enseignement qui spécifiait quoi dire, dans quel ordre, et comment le dire. L’expérience d’enseigner, mais surtout, pratiquer l’éducation somatique m’ont permis de personnaliser mon approche. Rapidement, je me suis éloignée de ce «cadre original». J’ai exploré autour du Pilates, à partir de mes sensations. Ma respiration, mon tonus musculaire, mes appuis au sol sont devenus autant de lentilles qui m’ont amené à observer cette méthode sous différents angles. Chaque exercice en Pilates contient de ces gestes élémentaires qui sont habituellement exécutés sous le pilote automatique. Dans mes classes, je les utilise comme des outils pédagogiques. Ils me permettent, entre autres choses, de faire un travail en amont, c’est-à-dire sur ce qui prépare la personne à se mouvoir plus efficacement. Par exemple, lorsqu’un exercice implique de soulever la tête du sol, je guide mes élèves de manière à ce qu’ils le fassent en abaissant leur sternum. Travailler cet appui permet de détendre la nuque, tout en favorisant la mobilité de la cage thoracique.

Les effets positifs d’un tel apprentissage vont au-delà de la séance d’exercices. Ils se déploient au quotidien, dans notre aisance à bouger, notre mobilité, notre énergie vitale et même dans le soulagement de certaines douleurs chroniques.

L’impact de l’éducation somatique sur mon développement personnel et ma sphère professionnelle est en constante évolution. Je me sens profondément engagée et inspirée par cette démarche qui me propose d’établir un dialogue «sensible» avec mon vécu et ce qui m’entoure. Lorsque je pense à l’influence globale de l’éducation somatique sur mon existence, il me vient cette image d’un rayon de lumière qui traverse un prisme et en ressort décomposé en ses constituants fondamentaux….

Article rédigé par Julie Drouin, avec la collaboration de Suzanne Charbonneau.

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