Parfum d’été…Un éloge à la lenteur

Je ne sais pas si c’est l’approche de l’été, mais j’avais le goût de vous parler de la lenteur… Les petits bonheurs de la lenteur.

Comme professeur d’éducation somatique, je propose toutes les semaines des cours où la lenteur est une stratégie pédagogique. Un chemin.

Ralentir pour mieux écouter et percevoir les nuances dans nos façons de bouger, de respirer. Ralentir pour sortir de nos chemins habituels, de nos autoroutes préférées. Ralentir pour être plus présent et moduler nos façons de faire. Ralentir pour goûter différemment à la vie et savourer le moment présent.

Dans ces cours, cette lenteur est un rendez-vous avec soi-même, pour se déposer.

En Occident, la productivité est une valeur fondamentale. En un siècle, notre rapport au temps s’est beaucoup transformé. On vit avec le dictat que tout doit se faire rapidement ; nos communications par courriel et par textos, nos déplacements, le travail, les listes pour la maison et les enfants, l’entraînement en circuit, jaser avec tous nos amis en même temps sur Facebook, etc. La vitesse est associée à vivre intensément, à être de plus en plus efficace et performant : surtout ne rien manquer. La lenteur est réservée aux paresseux ou à ceux qui n’ont rien à faire!

Vous arrive-t-il parfois de vous retrouver quelque part sans vous rendre compte du trajet parcouru? Oups! Pilote automatique et conscience fragmentée. Vitesse et multi-tâches. Quand nous allons vite, notre cerveau, travailleur économe par excellence, utilise par souci d’efficacité uniquement les circuits connus. L’efficacité du pilote automatique : ne pas réinventer la roue à chaque fois et passer à l’action avec rapidité. Les limites du pilote automatique : une faible capacité d’adaptation, la rigidité et un certain manque de créativité.

Heureusement, notre cerveau est aussi capable de percevoir avec une grande précision de très petits changements dans notre environnement interne ou externe. Par exemple, il envoie régulièrement des messages pour ajuster notre température corporelle. Un changement dans l’odeur ambiante et tous nos sens viennent en alerte. Il en va de notre survie. Comme être humain, cette grande sensibilité nous permet de vivre une vaste gamme de sensations qui tissent, en continu, nos expériences et notre rapport au temps.

thRalentir la cadence, être présent, semble intensifier et amplifier l’expérience sensorielle. Cette lenteur sert de loupe. Elle permet de percevoir plus de nuances, de subtilité, de profondeur. Elle permet de savourer le moment et d’étirer un peu le temps. Elle nous permet, dans ces petits moments du quotidien, de mieux choisir la prochaine chose à faire, d’avoir plus de souplesse pour s’ajuster à l’imprévu et de désamorcer les crises de nerfs!

De plus, comme la lenteur nous permet de nous connecter plus intimement à la richesse du moment présent et de profiter de toutes ses couleurs, elle semble offrir un antidote précieux pour contrer la fatigue et l’épuisement.

Bien sûr il m’arrive de courir pour terminer la fameuse liste interminable ou même pour aller enseigner… la lenteur. L’équilibre entre la vitesse qui fouette et la lenteur qui double la saveur des moments est un processus. Et si on parlait aussi de vitesse juste ou de lenteur efficace?

Que le beau temps vous invite à déjeuner sur l’herbe.

Pour poursuivre notre réflexion :

Carl Honore est un journaliste qui s’intéresse à la lenteur comme réalité à valoriser dans notre culture. Il vient de publier un troisième livre sur le sujet : The Slow Fix : Solve Problems, Work Smarter and Live Better in a World Addicted to Speed (2013).

Pour d’autres cultures, le temps est cyclique. Il est perçu comme évoluant en grand cercle. Il se renouvelle et se rafraîchit constamment. Tandis qu’en Occident le temps est linéaire. C’est une ressource limitée qui est toujours en train de nous échapper.

http://www.ted.com/talks/carl_honore_praises_slowness.html

Et pour prendre soin de vous dans la lenteur : un stage d’éducation somatique et de Qicong pour accompagner l’été. Cliquez ici

Article rédigé par Suzanne charbonneau, avec la collaboration Julie Drouin.

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